LES INSTITUTIONS FINANCIÈRES FONT FACE À UN RISQUE ACCRU LIÉ À LA PRODUCTION NON DURABLE D'HUILE DE PALME

Djakarta, 12 décembre 2017 : Un rapport intitulé Gestion des risques liés à l'huile de palme : une note d'information pour les financiers lancé aujourd'hui par la Table ronde sur l'huile de palme durable (RSPO) et Landscape Indonesia souligne que les institutions financières indonésiennes sont confrontées à des risques de réputation, réglementaires et financiers croissants en finançant des producteurs d'huile de palme non durables.

Le rapport retrace les voies par lesquelles les pratiques non durables d'huile de palme peuvent se traduire par des risques croissants pour les banques et les investisseurs qui les financent. Il définit une voie claire pour les banques qui souhaitent franchir une étape audacieuse pour faire évoluer leur portefeuille actuel d'huile de palme vers un portefeuille plus favorable au développement économique durable en Indonésie.

« L'environnement dans lequel opère le secteur indonésien de l'huile de palme est en train de changer. Les principales parties prenantes, y compris les gouvernements et les raffineries, prennent des mesures pour gérer les problèmes de durabilité, ce qui crée des risques évidents pour les banques qui ont des producteurs non durables dans leurs portefeuilles », a déclaré Agus Sari, PDG de Landscape Indonesia et associé principal au World Agroforestry Center ( ICRAF), en tant que l'un des auteurs du rapport. Les autres co-auteurs sont Jan Willem van Gelder de Profundo et Pablo Pacheco du Centre pour la recherche forestière internationale (CIFOR).

De nombreuses parties prenantes prennent des mesures pour résoudre les problèmes de durabilité associés à l'expansion de l'huile de palme, notamment la déforestation, la destruction des tourbières et les incendies de forêt, ainsi que les conflits fonciers avec les communautés locales, les problèmes de main-d'œuvre, la corruption et l'évasion fiscale. Par exemple, après les incendies de forêt dévastateurs de 2015, le gouvernement indonésien a adopté des politiques interdisant le développement dans les zones tourbeuses et limitant l'expansion de l'huile de palme. Les données citées dans le rapport montrent que les circonstances actuelles du marché et de la réglementation pourraient signifier que 75 pour cent des terres qui avaient été réservées pour l'expansion future des plantations de palmiers à huile ne peuvent pas être développées.

De telles restrictions imposées aux producteurs pourraient se traduire par des risques pour les banques qui les financent, car la valeur des garanties prises pour les prêts antérieurs à ces évolutions a chuté. Des exigences plus strictes de la part des acheteurs mondiaux, qui s'engagent à ne s'approvisionner qu'en huile de palme durable, signifieraient que les producteurs d'huile de palme non conformes pourraient perdre des contrats, ce qui pourrait entraîner une baisse des revenus et des bénéfices.

De plus, les banques qui financent les producteurs d'huile de palme non durables font face à de sérieux risques de réputation. À mesure que la capacité de la société civile à surveiller l'augmentation de la contribution d'une entreprise aux dommages environnementaux et sociaux, la réputation d'une banque peut être compromise s'il s'avère que l'un de ses clients ne respecte pas ses exigences en matière de durabilité et que cette information est rendue publique.

Un nouveau règlement publié par l'Autorité indonésienne des services financiers (Otoritas Jasa Keuangan, OJK) en juillet 2017 stipule que les banques sont tenues de rendre compte de la durabilité et d'avoir un plan d'action pour la finance durable. Le règlement précise les sanctions en cas de non-conformité et s'appuie sur la vision de 2014 de l'OJK selon laquelle le secteur financier devrait promouvoir le développement durable en Indonésie.

« Les banques ont jusqu'à présent joué un rôle important dans la forte croissance du secteur de l'huile de palme et peuvent également avoir un impact positif sur la croissance future. Les institutions financières, y compris les banques par leurs décisions de financement, peuvent inciter les entreprises à assumer leurs responsabilités sociales et environnementales. Dans le même temps, les décisions commerciales qui intègrent les préoccupations de durabilité créeront stabilité et prospérité pour la banque en limitant l'exposition aux risques », a déclaré Tiur Rumondang, directeur national des opérations RSPO en Indonésie.

Gestion des risques liés à l'huile de palme : Une note à l'intention des financiers définit 11 étapes claires que les banques doivent prendre en compte si elles choisissent d'intégrer les préoccupations de durabilité dans leur portefeuille d'huile de palme. Définir une vision globale de la durabilité et une politique du secteur de l'huile de palme, revoir les portefeuilles et s'engager avec les clients sur la durabilité sont les premières actions recommandées. Des plans d'amélioration peuvent ensuite être convenus avec les clients, peut-être avec des incitations telles que des taux d'intérêt plus bas, tandis que le suivi, le reporting, l'examen et la participation à des forums multipartites restent cruciaux. Il est temps que le secteur financier indonésien rejoigne les rangs croissants de ceux qui se dirigent vers la durabilité et s'assurent un avenir stable et prospère.